L’épidémiologie des traumatismes crâniens est encore peu développée en France. Santé Publique France pour assurer ses missions de surveillance épidémiologique et de prévention a financé une étude sur les traumatismes crânio-faciaux consécutifs à un accident de la route à partir du Registre des victimes d’accident de la circulation du Rhône. Le Registre est le seul outil permettant une analyse précise de cette typologie lésionnelle et de son évolution au cours du temps.
L’étude a porté sur les années 2005 à 2014. Après avoir fait une synthèse des travaux antérieurs élaborés sur ce sujet à travers le Registre nous avons d’abord analysé les traumatismes de l’extrémité céphalique (tête et/ou face) puis étudié spécifiquement les atteintes crânio-encéphaliques.
Parmi les 80 542 victimes enregistrées pendant cette période, 20 580 blessés présentaient des lésions crânio-faciales soit en moyenne 2 000 patients concernés chaque année. L’incidence moyenne annuelle toutes gravités des traumatismes crânio-faciaux était de 120 pour 100 000 habitants dans le Rhône, le sexe ratio était de 1,8. La grande majorité des victimes (87,5 %) avaient des blessures mineures à modérées (MAIS1 et 2). La létalité était de 2,3%.
Parmi ces victimes, 4 913 présentaient des atteintes crânio-encéphaliques autrement appelées traumatismes crâniens (TC). L’incidence moyenne annuelle était de 28,5/100 000 habitants, le sexe ratio était de 2,6. Les victimes atteintes de TC étaient principalement automobilistes (36%), puis usagers de deux-roues motorisés (24%), piétons et cyclistes (17% chacun). La létalité était de 7,7%. Un peu plus des deux tiers des victimes présentaient des symptomatologies cliniques (perte de connaissance, amnésie) de traumatismes crâniens sans qu’aucune lésion anatomique ne soit objectivée par l’imagerie.
Les lésions intra crâniennes les plus fréquentes étaient par ordre de fréquence les hémorragies sous arachnoïdiennes (15%), les contusions (8%), les hématomes sous duraux (7%), les œdèmes cérébraux (6 %), les hématomes intracérébraux (3%), et enfin les extra-duraux (3%). Les atteintes du cervelet (2%), du tronc cérébral (1%), vasculo nerveuses (1%) étaient plus rares. La typologie lésionnelle variait en fonction des types d’usager : les hématomes sous duraux étaient fréquents chez le piéton ; les hématomes extra duraux se retrouvaient plus souvent chez l’usager de deux-roues motorisé ou non ; les contusions cérébrales s’observaient majoritairement chez les occupants de voiture. Une description détaillée des lésions tenant compte du siège, de la nature, de la taille ou de l’étendue de la lésion a été dressée.
Depuis 2005, le nombre de traumatisés crâniens chez les automobilistes a été presque divisé par deux (-48%), toutefois des efforts restent à faire pour les usagers vulnérables.
Financement : Santé publique France, novembre 2016 – juillet 2017
Gadegbeku B, Ndiaye A, Tardy H, Pédrono G, Paget L-M, Thélot B, Hours M. Traumatismes crânio-faciaux consécutifs à un accident de la route : analyse des données du Registre du Rhône 2005-2014. Santé Publique France. Avril 2019, 62..
Ndiaye A, Tardy H, G. Pédrono G, Paget LM, Thélot B, Gadegbeku B.Trauma brain injury following a road traffic accident: Data from the Rhône Register, France. European Congress of Epidemiology Lyon, july 4-6 2018, in RESP 66S(2018)S330doi: 10.1016/j.respe.2018.05.249