L’objectif de cette étude est d’analyser et de définir des protocoles de prise en charge des traumatismes des organes génitaux externes entre autres, survenus lors des accidents de la route. En effet très peu de données de la littérature sont disponibles concernant cette typologie lésionnelle et quand elles existent elles portent sur peu de cas.
Les patients ont été sélectionnés à partir du Registre des victimes d’accident de la circulation du département du Rhône de 1998 à 2015. Les informations recueillies concernent les caractéristiques individuelles des blessés, les caractéristiques accidentelles, les systèmes de protection, les lésions et le devenir du patient. Au total 145 sujets sont concernés.
Nous avons recueilli à partir des dossiers médicaux pour chaque patient :
- les données cliniques spécifiques à ce type d’atteinte (douleurs spontanées, hématocèle, infiltration du cordon, hématurie, urétrorragie, luxation du testis), les autres atteintes urogénitales (fractures de verge, fractures du rein, plaies urétrales et urogénitales plaies vésicales) ainsi que les lésions associées en dehors de cette zone (orthopédiques, pelviennes, crânio-encéphaliques, rachidiennes, thoraciques, abdominales).
- les résultats de l’imagerie : échographie, scanner
- la stratégie de prise en charge : conservatrice, suture ou chirurgicale et dans ce dernier cas l’ensemble des constatations per-opératoires ainsi que des gestes chirurgicaux réalisés (orchidectomie, orchodoplexie, suture de l’albuginée, plastie scrotale, drainage, etc…)
- les suites post-opératoires à court et long terme pour connaitre les évolutions, les thérapeutiques en cours.
L’analyse de ces données sur cette population assez conséquente comparée aux données trouvées dans la littérature nous permettra de mettre en place des stratégies diagnostiques et thérapeutiques, de développer un système de protections spécifiques pour ce type de lésions afin de réduire les conséquences dramatiques de cette traumatologie en termes d’orchidectomie ou d’infertilité secondaire.
De plus, devant l’augmentation du nombre d’accidents impliquant les deux-roues motorisés à l’origine de cette traumatologie (68%), nous suggérons de réfléchir sur des systèmes de protections spécifiques, afin de réduire les conséquences physiques et psychiques. Ce travail, réalisé dans le cadre d’une thèse en médecine, a montré que cette typologie lésionnelle rentre dans le cadre d’un tableau de polytraumatisme. Il a aussi montré l’intérêt, notamment pour les réanimateurs, de rechercher, après maitrise du pronostic vital, ces lésions souvent oubliées. Le travail actuel consiste à utiliser la méthodologie des associations lésionnelles en vue d’améliorer la prise en charge.
Kara N, (sous la codirection de JE Terrier et A. Ndiaye). Les traumatismes du bas appareil urinaire lors des accidents de la route. Épidémiologie, présentation clinique, suivi à court et moyen terme de 591 cas sur 20 ans. (Thèse de médecine), Université Claude Bernard Lyon 1, 25 octobre 2018.