Un des défis de la prise en charge des traumatisés de la route réside dans la reconnaissance fiable et rapide de leur gravité sur les lieux même de l’accident, permettant une orientation vers des équipes multidisciplinaires spécialisées (salle de déchocage). La sous-évaluation de la gravité du traumatisme peut conduire à une mauvaise orientation du blessé. Notre hypothèse est que cette sous-évaluation pourrait être limitée par une meilleure prise en compte des circonstances accidentelles.
Les objectifs de cette étude étaient d’évaluer la proportion de patients traumatisés de la route mal orientés initialement, de déterminer la fiabilité des paramètres vitaux pour la détection des lésions graves, et de rechercher des circonstances accidentelles à risque de lésions potentiellement mortelles (ou critiques).
Il s’agissait d’une étude rétrospective réalisée à partir des données du Registre sur une année. L’intervention médicalisée initiale par le SAMU puis par une équipe multidisciplinaire entraînée dans une salle de déchocage était considérée comme une prise en charge optimale et définissait dans cette étude la “bonne orientation”. Les lésions critiques sont définies par le recours à une intervention médicale ou chirurgicale urgente ou la survenue du décès dans les 72 heures suivant l’accident.
Parmi les 98 victimes qui présentaient des lésions critiques, 21 n’ont pas été orientés vers une salle de déchocage. Ainsi, un patient critique sur cinq était mal orienté initialement, et ne bénéficiait donc pas, selon nos critères, d’une prise en charge optimale. Cette étude a établi aussi des circonstances accidentelles à risque de lésions graves, dont la prise en compte pourrait améliorer l’orientation des blessés.