La part modale du vélo se stabilise au plan national et augmente dans certaines grandes villes. Ce mode actif est encouragé dans le cadre du développement durable, et dans la lutte contre la sédentarité ; il importe donc de mieux connaître les risques d’accident de vélo, et ce, en regard des autres modes de déplacement.
Cette étude a pour objectif d’estimer le risque d’accident (corporel) à vélo comparativement aux autres modes et d’étudier comment il varie selon diverses caractéristiques. Le risque d’accident est similaire à une probabilité d’accident. Il s’agit d’estimer le ratio entre la quantité d’accidents (ou d’accidentés) et la quantité d’exposition au risque d’accident. Il correspond à un taux d’accident exprimé pour 100 000 cyclistes et par an ou pour un million de kilomètres parcourus ou un million d’heures passés à vélo.
Nous avons estimé des taux d’incidence d’accident corporel en calculant le ratio entre le nombre de blessés et la quantité d’exposition au risque, mesurée par la mobilité. Les blessés sont recensés par le registre du Rhône des victimes d’accidents de la circulation routière. Le recours au registre se justifie par le fait que, pour cette catégorie d’usagers, le recensement y est beaucoup plus exhaustif que dans les données des forces de l’ordre qui enregistrent très rarement les cyclistes qui se blessent sans avoir heurté un autre véhicule. Les blessés se déclinent selon quatre niveaux de gravité. La mobilité est estimée à partir de l’Enquête Ménages Déplacements de Lyon, et se mesure en nombre de trajets, kilomètres parcourus ou temps passé.
Pour un million d’heures passées, le risque d’être blessé toutes gravités confondues, est par rapport aux automobilistes 8 fois plus élevé chez les cyclistes, 0,5 fois moins élevé chez les piétons, et 42 fois plus élevé chez les usagers de deux-roues motorisés. Cela confirme et quantifie l’énorme sur-risque de la pratique du deux-roues motorisés. Le risque d’accident à vélo est plus élevé qu’en voiture mais d’après d’autres études coûts-bénéfices, la pratique du vélo a des effets bénéfiques sur la santé compensant largement les aspects négatifs que sont l’accident (et la pollution subie).
En termes d’évolution, les cyclistes semblent enregistrer une baisse du risque d’être blessé entre 1996-1997 et 2005-2006 plus forte que celle des automobilistes. Cela plaide en faveur de la « sécurité par le nombre ».
Projet coordonné par Emmanuelle Amoros (Ifsttar-TS2-Umrestte) en collaboration avec Francis Papon (Ifsttar-Ame-Dest). (Début de projet : 2011, fin : août 2012).
Blaizot S, Papon F, Haddak M, Amoros E. Injury incidence of cyclists compared to pedestrians, car occupants and powered two-wheeler riders, using a medical registry and mobility data, Rhone county, France. Accident Analysis and Prevention. 2013, 58: 35-45.